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Egypte : destitution ou coup d’Etat ?

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Alors que l’armée a annoncé la chute de Mohamed Morsi, la suspension provisoire de la constitution, et la constitution d’un gouvernement « d’experts », la population présente sur la place Tahrir exulte. Le pays, sous forte tension, pourrait exploser au moindre doute sur les intentions de l’institution la plus puissante du pays : l’armée.

Le chef de l’état-major, le général Abdel Fattah al Sissi, a précisé la suite des opérations en annonçant qu’une commission serait chargée de réviser la constitution, et a appelé à l’organisation d’élections parlementaires et présidentielles. Sur ce plan l’armée se fait beaucoup plus discrète que lors du renversement de Moubarak et laisse à l’opposition et aux différents représentants religieux du pays la tâche de négocier le programme politique de l’après Morsi. Car jusqu’ici les militaires ont été bien discrets sur la direction que prendrait cette nouvelle constitution ou encore sur la direction de ce nouveau gouvernement. Ils savent que l’accusation de tentative de coup d’Etat n’est pas loin. D’ailleurs Mohamed Morsi s’est défendu en appelant la population à résister « pacifiquement » au coup d’Etat, arguant de son statut de président élu.

Et Morsi devrait logiquement bénéficier de sa légitimité de président pour contrer cette crise politique. Le principal écueil est que cette légitimité est partie en lambeaux au cours de cette année de pouvoir au fur et à mesure que les égyptiens se rendaient comptent que leur situation ne s’améliorait pas avec le nouveau gouvernement. Car c’est avant tout une crise économique qui a poussé la population à descendre dans la rue en 2011 pour renverser Moubarak. Les mêmes causes amenant les mêmes conséquences, Morsi se retrouve lui aussi déposé pour n’avoir pas sût répondre aux préoccupations du peuple, qui doit lutter pour survivre. Ajoutez à cela la forte impression qu’il donnait de ne s’adresser qu’à son camp (les frères musulmans) et la mauvaise gestion du pays par l’armée lors de la période de transition de 2011-2012 qui a rendu le pays dans un état déplorable au gouvernement et vous avez les principaux éléments de cette chute.

Pour autant il serait réducteur de présenter cette crise comme un affrontement entre laïcs et islamistes.

En effet si de nombreux opposants souhaitent voir l’Egypte se tourner vers une séparation de la religion et de la politique, ils ne sont pas seuls à s’opposer au gouvernement et cette opposition est plus disparate qu’il n’y paraît : uniquement soudée dans le rejet de Morsi. D’autre part ceux qui ont soutenu Morsi lors de la première présidentielle l’on aussi plus fait pour des raisons économiques (les frères musulmans s’étant substitués à l’Etat pour distribuer de l’aide à la population) qu’idéologique.

Qu’adviendra-t-il de l’opposition lorsqu’ils devront diriger le pays (s’ils sont élus) ? Il semble peu probable qu’ils puissent par miracle redresser la situation économique. Leur principale marge de manœuvre sera politique (si tant est qu’ils arrivent à s’entendre) : en se plaçant en rassembleur du pays et en veillant à ce que l’armée de sorte pas de son cadre. Alors on pourra parler de destitution et non de coup d’Etat.

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